Clém la miraculée

Club de vol libre

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Clém la miraculée

Clém l’a échaplé belle

Bonjour à tous, En plus du retour de Thierry (et de chacun), voilà donc le récit de mon accident d’hier (dimanche 28 mars) au St Eynard. Tout d’abord sachez que je suis tout simplement heureuse de pouvoir vous raconter tout ça ajd… Pour moi, “arbrissage” n’est pas vraiment le bon terme (j’aurais dix mille fois préféré me faire un petit arbre dans une forêt accueillante…), je dirais plutôt “suspendue au-dessus du vide” ! Début de vol : RAS, je me sens bien en l’air. Le St Eynard n’est pas très agréable, mais pas pire que d’habitude. Disons que je pense avoir déjà fait bien pire en termes de conditions. L’aller se fait sans problème, quelques bons gros déclenchements, mais pas malsain non plus. Pas encore à l’aise avec l’accélérateur + pilotage aux C, je vole tranquille en “tenant bien” ma voile (peut-être trop ?). Je croise les copains qui sont déjà sur le retour, bref, tout va bien jusque là. Je tourne le Saint Eynard à 1200m à peine, et vite vite direction Chateau Nardant (je n’aime pas bien m’attarder là bas en général). Et là patatrac ! Mon analyse après coup : Je pense que je tenais trop ma voile. J’ai du prendre une bulle un peu plus forte que les autres, et au lieu de relever les mains, j’ai dû les baisser… J’ai eu l’impression d’être en parachutale, puis décro (?). Je relève les mains et quand la voile repasse devant, je lève la tête et vois qu’elle me fait une petite frontale (en tout cas dans ma position, elle ne me semblait pas énorme). A ce moment-là je me dis que ça devrait revoler, et puis elle est partie en autorotation. Au moment où je me dis qu’il faut faire secours, c’est trop tard. J’avais l’impression d’avoir fait à peine un tour, mais Jérôme Bruzière (qui a tout vu et qui pourra raconter mon vrac) me dit que j’ai fait au moins 2 tours. Comme quoi, ça part tellement vite, qu’on perd toute notion de temps de d’espace. Là je me dis que c’est fini, que j’y vais… (je vous passe les détails de mes pensées à ce moment-là). Et puis je tape, et miraculeusement, ma voile s’accroche au dernier arbre qu’il restait avant les 200m de falaise (600 ?)… Tout s’arrête ! Assez rapidement, je me rends compte de ma situation périlleuse. Je sors les pieds du cocon, il me reste une mini corniche sur laquelle je peux prendre appui sur le pied gauche (même pas à plat, mais à 45°). Je vois une branche qui a l’air plutôt costaud, je m’agrippe aussitôt à elle. Ma main droite ne la lâchera plus jusqu’à l’arrivée des secours. Ma main gauche n’est pas indispensable, je prends aussitôt la radio pour prévenir les copains qu’il faut déclencher les secours. S’ensuit un formidable relais radio (cf mail de Thierry). Je reçois l’info au bout de quelques minutes que les secours sont prévenus. Maintenant, il va falloir tenir jusqu’à leur arrivée. Je reste en position, pas envie de bouger d’un centimètre. J’arrive à souffler un peu, à prendre sur moi, à me concentrer sur moi même. J’arrive même à boire une gorgée d’eau dans mon Camelback. J’arrête de regarder sous mes pieds (ça fait trop flipper), je préfère regarder devant moi ou vers le haut. Bref, les minutes passent, sans vraiment savoir si ça va durer encore 5 min ou 1h30. Je demande aux copains à la radio de rester en contact avec moi. C’est bête mais ça me rassure de savoir qu’on ne m’oublie pas. Et puis ça aide à faire passer le temps. Je suis à l’affût du moindre bruit pour reconnaître l’hélico au loin. Plusieurs fois je crois l’entendre, mais ce n’était pas lui. C’est long… Au bout de 50 min je dirais (mon vario était resté allumé et me donnait l’heure !), j’entends cette fois le bruit de l’hélico qui se rapproche, avec une sirène en plus (je pense pour prévenir les voiles encore en l’air). Cette fois c’est bon, c’est bien lui. Il reste en stationnaire le temps de repérer les lieux, je leur fais coucou et me crois sauvée. Mais j’en étais encore loin : il s’en va déposer une équipe au sol plus loin. Allez tiens bon Clem, ils ne sont plus très loin. Mais je devrai attendre encore 15-20 min jusqu’à ce que je vois enfin le secouriste (Tintin de son ptit nom) à 2-3 m de moi. Là encore, je me dis que c’est bon, je suis sauvée. Mais non en fait, je ne suis toujours pas sécurisée. Il faudra encore 10 bonnes minutes pour qu’il mette en place les cordes, et qu’il puisse enfin m’envoyer les deux mousquetons pour me sécuriser. Ouffffff ! Je peux enfin souffler, mais pas longtemps car l’aventure n’est pas encore finie… Tintin coupe les branches pour que je puisse me sortir de là avec ma grosse sellette. Il appelle son second (JS) qui, avant de nous aider à remonter, propose d’immortaliser l’instant ! 😉 Une fois au premier relais, je souffle à nouveau. Mais la remontée sera encore longue jusqu’au pied de la falaise du haut, seul endroit clairsemé où l’hélico pourra nous récupérer. Honnêtement j’en ai chié : pente raide, terrain impraticable, le tout avec une sellette cocon sur le dos, mais aussi une doudoune, le coupe vent, le bonnet et le cache-nez ! Entre la chaleur, l’effort et l’émotion qui remonte, j’étais à l’agonie, au bout de ma vie. Grosse pause pour me calmer et récupérer mon souffle. Je me déséquipe, me mets à l’aise et laisse la sellette sur place. Et c’est reparti pour la fin de la montée. JS me laisse en haut (“surtout tu ne bouges pas, tu restes là”, “oui promis, pas d’un centimètre”). Il redescend aider Tintin qui essayait d’enlever mon aile de l’arbre. Quelques minutes plus tard, je les vois arriver avec tout le matos, en âge, les pauvres. Qu’est ce que je m’en veux de leur infliger ça. Et pile quand tout le monde est en haut, l’hélico revient. L’endroit n’est pas le plus propice pour le treuillage, on doit encore monter de 50m. Le souffle de l’hélico est impressionnant. JS part en premier avec les sacs, et je me fais treuiller ensuite avec Tintin : flipette au début, puis j’ai qd même profité du paysage, c’est pas tous les jours qu’on voit ça ! Zut, ça n’a pas duré 10 sec qu’on était déjà au niveau de l’hélico. 2-3 petites minutes de vol et je remets enfin les pieds sur la terre ferme ! Un gros OUF de soulagement. Je réalise à peine que qques minutes plus tôt j’étais pendue là bas au dessus de la falaise. Ce n’est que plus tard, avec les photos, que je réaliserai vraiment. Tout est bien qui finit bien… Mais j’ai bien cru y rester. Cet accident va me faire réfléchir un moment. Je vais laisser le temps faire son effet, et je ferai le bilan dans quelques temps. En tout cas, j’ai bien conscience d’être une miraculée : chaque faits et gestes ce matin, n’étaient que du bonus dans cette vie qui aurait pu s’arrêter hier. Étrange comme sensation. Un mot sur le kit de secours : je ne l’avais pas dans la sellette, il était bien au chaud chez moi. MAIS, même si je l’avais eu, encore faut-il que je puisse le sortir, et prendre ce qui va bien pour m’assurer. Dans ma position, c’était impossible. Et même si on m’avait mis les trucs dans les mains, il n’y avait absolument rien pour me sécuriser. La branche à laquelle je m’accrochais, regardais vers le bas… Donc pas bien je sais, mais en même temps il ne m’aurait pas servi dans cette situation précise. Et un dernier mot sur le déclenchement des secours à la radio : de mon point de vue tout était parfait. Vous avez tous assuré grave !! C’est forcément perfectible (on ne fait pas ça tous les jours), mais franchement, bravo et merci à vous tous !! Juste à garder en tête que le contact radio avec la personne est hyper important moralement !! 😉 J’ai proposé à Serge d’échanger sur tout ça lors d’une soirée sécurité. Je n’ai pas de problème à en parler. Au contraire, je pense que ça me fait du bien. Merci encore pour tous vos messages de soutien, ils m’ont fait un bien fou ! 🙂 Maintenant commence le travail d’analyse et de reconstruction ! @++ Clém, la miraculée du WE !

@Clém